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L'opposition algérienne rejette un "agenda électoral" du pouvoir, "en déphasage avec les urgences du pays"

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mardi 16 février 2021
10:43
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L'opposition algérienne rejette un "agenda électoral" du pouvoir, "en déphasage avec les urgences du pays"
Medi1News + MAP
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Des membres de l'opposition algérienne ont rejeté, lundi, un "agenda électoral" du pouvoir, "en déphasage avec les urgences du pays".

"La tenue d’élections législatives et locales est en déphasage avec les urgences du pays et les préoccupations majeures des concitoyens", a fustigé la présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, citée par les médias algériens.

"C’est une fuite en avant ! Qu’on arrête avec ces solutions surfaites qui ne correspondent pas avec la réalité du pays !", a-t-elle fustigé en faisant allusion aux consultations que mène actuellement le pouvoir en Algérie pour organiser des élections législatives et locales anticipées.

Elle a souligné qu'"on ne peut parler des élections dans des conditions de crise pandémique, de crise économique et sociale et de violations des libertés démocratiques", faisant observer que les médias publics sont toujours fermés à l’opposition et aux citoyens, alors que des dizaines des citoyens sont encore en prison pour avoir exprimé leurs opinions.

Dans ce sens, elle a déploré une "situation pire que celle qui a précédé le 22 février 2019", estimant qu’au temps du président déchu Abdelaziz Bouteflika, "il n’y pas eu autant d’arrestations et de poursuites pénales".

"On n’a jamais vu l'instrumentalisation de la justice de manière aussi flagrante contre les citoyens qui expriment pacifiquement leurs opinions", a encore dénoncé Mme Assoul, qui a appelé à la mise en place de mesures d’apaisement, dont la libération des détenus d’opinion et politiques avant d’aller vers des élections qui doivent, selon elle, garantir l’instauration d’une "démocratie, l’alternance au pouvoir et un Etat de droit".

La présidente de l’UCP a sévèrement critiqué les rédacteurs du projet de la loi relatif au code électoral, accusés de vouloir "légaliser la corruption".

Pour sa part, la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH) a fustigé une "feuille de route unilatérale, autoritaire et antidémocratique". "Malgré le verdict sans appel du rejet de cette feuille de route et l’échec confirmé encore une fois, lors du rejet massif de la Constitution qui devait fonder l'Algérie -nouvelle-, le pouvoir continue encore dans son entêtement, en empêchant toute expression démocratique authentique et en verrouillant tous les champs de l’exercice des libertés et des droits fondamentaux de l’humain", a dénoncé la LADDH dans un communiqué publié quelques jours du second anniversaire du hirak, évoquant "un arsenal (législatif, judiciaire et sécuritaire) mis en branle pour mater le hirak pacifique".

"Le pouvoir au lieu d’être à l’écoute, tente sans cesse de récupérer ce même hirak, avec à chaque fois de fausses solutions et de fausses promesses, mais aux yeux du peuple, ce hirak n’a pas encore réalisé ses objectifs", s'indigne-t-elle.

Elle a rappelé que le hirak "n’a ramené ni la démocratie, ni la justice, ni encore les libertés tant promises, d’où les appels légitimes à poursuivre cette œuvre pour la sauvegarde du pays et le changement du système".

Tout en réitérant son appel à une "solution politique globale pacifique, démocratique et négociée", la LADDH a exigé la libération des détenus d’opinion, l'ouverture du champ politique et médiatique, et le respect des droits humains et des libertés démocratiques.

De son côté, le Front des Forces Socialistes (FFS), le plus vieux parti d’opposition en Algérie, a souligné que le projet de la nouvelle loi électorale en prévision des élections locales et législatives anticipées dans le pays "ne vise en vérité qu’à donner une façade démocratique à un régime autoritaire".

"Décidément, le régime est un mauvais élève. Il a oublié la leçon du dernier référendum constitutionnel qui a essuyé un rejet populaire massif et historique", ont expliqué les responsables de ce parti fondé par feu Ait Ahmed.

Le FFS a dénoncé, dans ce sens, "l’immobilisme politique du régime qui (..) maintient sa feuille de route qui ne fait que préserver le statu quo de son système de gouvernance sous la protection de la force et non du droit".

Il a fait observer que le peuple algérien "est confronté à une crise sanitaire sans précédent qui a endeuillé de nombreuses familles, la crise sociale et économique qui l’a appauvrie et de nombreux citoyens et citoyennes connaissent des violences et des privations de liberté d’un système autoritaire soucieux uniquement de sa pérennité".

Le parti a pointé aussi qu’en "plus de la complexité et de la dangerosité de la crise multiforme causée par une gestion liberticide et chaotique depuis l’indépendance nationale", les Algériens sont confrontés à une "situation socioéconomique désastreuse aux conséquences hélas, incontrôlables et dramatiques à court et à moyen termes".

Pour le FFS, la situation est "désormais devenue insoutenable et explosive, un climat délétère et suffoquant est aujourd’hui amplifié par la résurgence d’une atmosphère faite d’insécurité et de propagande destructrice qui vise à semer le trouble et l’inquiétude au sein des populations déjà en proie à toutes les angoisses et à toutes les privations".

Abordant la nouvelle loi électorale, le Parti pour la Laïcité et la Démocratie (PLD) a estimé que les mêmes pratiques du système subsistent.

"Le pouvoir ne renonce pas à ses manigances. Au lieu de dissoudre la classe politique, il continue à en faire un acteur incontournable de la scène politique, alors qu’elle est totalement discréditée", a expliqué le parti dans une déclaration de son bureau politique.

Il a soutenu que le pouvoir veut instrumentaliser cette classe politique dans une énième mascarade électorale avec pour unique visée, consacrer le statu quo pour pérenniser le système.