Couverture live

Ukraine et Covid vont peser sur l'Assemblée mondiale de la santé

Actualités
dimanche 22 mai 2022
15:22
Écoutez l'article
Ukraine et Covid vont peser sur l'Assemblée mondiale de la santé
Medi1news+MAP
Écoutez l'article

 La guerre en Ukraine "aux conséquences dévastatrices" va peser sur les discussions des 194 pays membres de l'OMS cette semaine pour tenter d'échafauder une réforme du système de santé mondial, dont les manquements sont mis à nu par l'interminable pandémie de Covid-19.

"Les conséquences de cette guerre sont dévastatrices, sur le plan sanitaire, sur les populations, sur les établissements et sur les personnels de santé, qui sont pris pour cible", a dénoncé dans un message vidéo le président français Emmanuel Macron, dès l'ouverture de l'Assemblée mondiale de la santé à Genève.

Il a appelé les membres à adopter mardi une résolution initiée par l'Ukraine, qui dénonce les attaques perpétrées par Moscou sur le système de santé mais aussi les gravissimes conséquences de l'invasion sur l'alimentation dans de nombreux pays.

Si le texte condamne fermement la Russie il ne prévoit "en aucun cas l'expulsion", faisait valoir un diplomate occidental.

Nombre de pays estiment que la coopération sanitaire est un domaine à part et à préserver.

Cette guerre "ne nous fait pas oublier que de nombreuses autres urgences, sur le reste de la planète, doivent continuer de nous mobiliser. La pandémie au premier chef", a souligné M. Macron.

"Cette réunion présente une opportunité historique pour renforcer l'architecture mondiale pour la sécurité et la santé", a lancé Luis Abinader, le président de la République dominicaine.

La reconduction pour cinq ans du directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus est acquise malgré les accrocs qui ont marqué son premier mandat, comme son attitude jugée trop conciliante envers la Chine en début du Covid-19 et une réaction trop lente sur le scandale d'exploitation sexuelle de certains employés.

Mais sans rival et avec le soutien des poids-lourds de l'organisation, le premier directeur général africain de l'OMS va pouvoir poursuivre son travail.

La France, qui a présenté sa candidature avec l'Allemagne, "lui accorde sa confiance pour qu'il poursuive la transformation de l'OMS dans les prochaines années", a rappelé le président Macron.

Le président du Kénya, Uhuru Kenyatta, présent à Genève, a également rendu hommage au directeur général.

Dès lundi, les ministres de la Santé devraient se succéder à la tribune pour cette première Assemblée en présentiel depuis le début de la pandémie, et on entrera dans le dur: le financement durable de l'OMS.

L'Organisation - à laquelle certains complotistes prêtent pourtant la volonté de contrôler la santé dans le monde - ne dispose que d'un budget biennal autour de 6 milliards de dollars.

Par comparaison, l'Assistance publique/Hôpitaux de Paris dispose d'un peu moins de 8 milliards d'euros par an.

Le problème vient des contributions fixées -les cotisations obligatoires des membres qui ne comptent que pour 16% du total en 2020-21. Le reste -des contributions volontaires- est plus difficile à planifier, dévore de l'énergie pour l'obtenir et est souvent assigné à une tâche précise.

L'idée est de porter progressivement à 50% la part des cotisations obligatoires, sur une période d'une dizaine d'années pour permettre à l'OMS de mieux jouer son rôle mais non sans se réformer en contrepartie.

"Il n'y a pas de meilleur investissement que la santé", a assuré le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

La pandémie de Covid-19 a permis de mettre à nu ce qui ne fonctionne pas dans le système mondial de santé.

L'Assemblée va donc se pencher sur le toilettage du Règlement sanitaire international (RSI), pour permettre de répondre plus efficacement et plus rapidement aux urgences sanitaires.

Dans la même veine, l'Assemblée devrait décider de la création d'une Commission permanente des urgences issue du Conseil exécutif de l'OMS et activable en 24 heures en cas d'urgence sanitaire de portée internationale -le plus haut niveau d'alerte de l'OMS.

En parallèle, a été lancé le chantier d'un nouvel accord international sur la santé mondiale, qui pour ses partisans devra être contraignant, et pourrait venir compléter le RSI.

En décembre, un groupe intergouvernemental de négociation a été créé pour y travailler.

Comme un fait exprès, les cas de variole du singe -une maladie endémique dans certaines parties de l'Afrique- s'étendent en Amérique du nord et en Europe, et si la plupart des cas sont pour l'heure sans gravité, le spectre d'une nouvelle crise de grande ampleur inquiète les autorités sanitaires.