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COP15: le monde est "à la croisée des chemins" en matière de gestion des sécheresses

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jeudi 12 mai 2022
09:32
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COP15: le monde est "à la croisée des chemins" en matière de gestion des sécheresses
Medi1News + MAP
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L'humanité est "à la croisée des chemins" en ce qui concerne la gestion de la sécheresse et l’accélération des mesures d’atténuation doit être faite "de toute urgence, en utilisant tous les outils possibles", selon un nouveau rapport de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD).

La sécheresse en chiffres, 2022, publiée mercredi pour marquer la Journée de la sécheresse à la 15e Conférence des Parties (COP15) de la CNULCD qui se tient à Abidjan, du 9 au 20 mai, appelle à faire de la préparation à la sécheresse et à la résilience de toutes les régions du monde une priorité absolue.

Le rapport est un recueil informatif de données relatives à la sécheresse et permet d’orienter les négociations concernant l’une des nombreuses décisions qui seront prises par les 196 Etats membres de la CNULCD, le 20 mai à l’issue de la COP15.

"Les faits et les chiffres de cette publication pointent tous dans la même direction : une trajectoire ascendante dans la durée des sécheresses et la sévérité des impacts, affectant non seulement les sociétés humaines mais aussi les systèmes écologiques dont dépendent la survie de tout ce qui vit, y compris celle de notre propre espèce", a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD.

Le rapport qui met en avant un appel à l’action probant relève que depuis 2000, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29%, que de 1970 à 2019 les aléas météorologiques, climatiques et hydriques ont représenté 50% des catastrophes et 45% des décès liés aux catastrophes, principalement dans les pays en développement, de même que les sécheresses représentent 15% des catastrophes naturelles, mais elles ont causé le plus grand nombre de victimes humaines, soit environ 650.000 décès entre 1970 et 2019.

De 1998 à 2017, les sécheresses ont entraîné des pertes économiques mondiales d’environ 124 milliards de dollars américains, en 2022 plus de 2,3 milliards de personnes sont confrontées au stress hydrique, près de 160 millions d’enfants sont exposés à des sécheresses graves et prolongées, ajoute-t-on.

Selon la CNULCD, à moins que des mesures ne soient prises, d’ici 2030, on estime que 700 millions de personnes risquent d’être déplacées par la sécheresse, d’ici 2040, on estime qu’un enfant sur quatre vivra dans des régions aux prises avec une pénurie extrême d’eau, et d’ici 2050 les sécheresses pourraient toucher plus des trois quarts de la population mondiale.

On estime aussi que 4,8 à 5,7 milliards de personnes vivront dans des régions où l’eau est rare pendant au moins un mois chaque année, contre 3,6 milliards aujourd’hui. Et jusqu’à 216 millions de personnes pourraient être obligées de migrer d’ici 2050, en grande partie en raison de la sécheresse et d’autres facteurs, notamment la pénurie d’eau, la baisse de la productivité des cultures, l’élévation du niveau de la mer et la surpopulation.

"Nous sommes à la croisée des chemins", a affirmé le Secrétaire exécutif de la CNULCD, notant l’impérieuse nécessité de s’orienter vers les solutions plutôt que de poursuivre les actions destructrices, en croyant que des changements marginaux peuvent guérir l’échec systémique.

"L’une des meilleures et plus cohésive solution est la restauration des terres, qui tient compte de nombreux facteurs sous-jacents à la dégradation des cycles de l’eau et à la perte de fertilité du sol. Nous devons mieux construire et reconstruire nos paysages, imiter la nature dans la mesure du possible et créer des systèmes écologiques fonctionnels", a ajouté Thiaw.

Au-delà de la restauration, a-t-il poursuivi, il est nécessaire de passer d’approches "réactives" et "fondées sur la crise" à des approches "proactives" et "fondées sur le risque" de gestion de la sécheresse impliquant la coordination, la communication et la coopération, motivées par une volonté financière et politique suffisante.

Le nouveau rapport de la CNULCD note que 128 pays ont exprimé leur volonté d’atteindre ou de dépasser la neutralité en matière de dégradation des terres. Et près de 70 pays ont participé à l’initiative mondiale de la CNULCD sur la sécheresse, qui vise à passer d’approches réactives à une approche proactive et réduisant les risques.

Le rapporte estime dans ce sens que la décision de la COP15 sur la sécheresse devrait toucher cinq domaines interdépendants, à savoir "Les politiques de lutte contre la sécheresse", "L’alerte rapide, suivi et évaluation", "Le partage des connaissances et apprentissage", "Les partenariats et la coordination" et "Le financement de la sécheresse".

La CNULCD a lancé mercredi une campagne de sensibilisation intitulée "Droughtland". Il s’agit d’une nouvelle campagne de sensibilisation du public qui vise à présenter des solutions et à galvaniser l’action mondiale contre la sécheresse.

La campagne sera présentée lors de la Journée des Nations Unies pour la désertification et la sécheresse, le 17 juin, organisée cette année par Madrid, en Espagne.

La Journée de la désertification et de la sécheresse des Nations Unies a quatre objectifs principaux qui sont : doter les gens du monde entier d’outils pour évaluer leur exposition actuelle ou leur exposition potentielle future au risque de sécheresse, partager des solutions internationales prouvées innovantes à la sécheresse, créer des occasions pour le public de participer à l’action ety célébrer les progrès et inspirer l’action.